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Phrases de François-René de Chateaubriand
L'aristocratie a trois âges successifs : l'âge des supériorités, l'âge des privilèges, l'âge des vanités; sortie du premier, elle dégénère dans le second et s'éteint dans le dernier.
Le vrai bonheur coûte peu; s'il est cher, il n'est pas d'une bonne espèce.
Pourquoi faut-il que le plus grand crime et la plus grande gloire soient de verser le sang d'un homme?
Frères d'une grande famille, les enfants ne perdent leurs traits de ressemblance qu'en perdant l'innocence, la même partout. Alors les passions modifiées par les climats, les gouvernements et les murs font les nations diverses; le genre humain cesse de s'entendre et de parler le même langage: c'est la société qui est la véritable tour de Babel.
Il y a des temps où lon ne doit dépenser le mépris quavec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux.
En général, on parvient aux affaires par ce que l'on a de médiocre, et l'on y reste par ce que l'on a de supérieur. Cette réunion d'éléments antagonistes est la chose la plus rare, et c'est pour cela qu'il y a si peu d'hommes dÉtat.
Les rois croient qu'en faisant sentinelle autour de leurs trônes, ils arrêteront les mouvements de l'intelligence; ils s'imaginent qu'en donnant le signalement des principes ils les feront saisir aux frontières; ils se persuadent qu'en multipliant les douanes, les gendarmes, les espions de police, les commissions militaires, ils les empêcheront de circuler. Mais ces idées ne cheminent pas à pied, elles sont dans l'air, elles volent, on les respire. Les gouvernements absolus, qui établissent des télégraphes, des chemins de fer, des bateaux à vapeur, et qui veulent en même temps retenir les esprits au niveau des dogmes politiques du quatorzième siècle, sont inconséquents; à la fois progressifs et rétrogrades, ils se perdent dans la confusion résultante d'une théorie et d'une pratique contradictoires. On ne peut séparer le principe industriel du principe de la liberté; force est de les étouffer tous les deux ou de les admettre l'un et l'autre.
C'est une très méchante manière de raisonner que de rejeter ce qu'on ne peut comprendre.
Il a fallu que le christianisme vînt chasser ce peuple de faunes, de satyres et de nymphes, pour rendre aux grottes leur silence et aux bois leur rêverie.
Les sciences sont un labyrinthe où l'on s'enfonce plus avant au moment même où l'on croyait en sortir.
Chaque âges est un fleuve qui nous entraîne selon le penchant des destinées quand nous nous y abandonnons. Mais il me semble que nous sommes tous hors de son cours. Les uns (les républicains) l'ont traversé avec impétuosité et se sont élancés sur le bord opposé. Les autres sont demeurés de ce côté-ci sans vouloir s'embarquer. Les deux partis crient et s'insultent, selon qu'ils sont sur l'une ou sur l'autre rive. Ainsi les premiers nous transportent loin de nous dans des perfections imaginaires, en nous faisant devancer notre âge, les seconds nous retiennent en arrière, refusent de s'éclairer, et veulent rester les hommes du XIVe siècle dans l'année 1797.
Voilà mon système, voilà ce que je crois. Oui, tout est chance, hasard, fatalité dans ce monde, la réputation, l'honneur, la richesse, la vertu même: et comment croire qu'un Dieu intelligent nous conduit? Voyez les fripons en place, la fortune allant au scélérat, l'honnête homme volé, assassiné, méprisé. Il y a peut-être un Dieu, mais c'est le Dieu d'Epicure; il est trop grand, trop heureux pour s'occuper de nos affaires.
Aimer, c'est bien, savoir aimer, c'est tout.
La femme a naturellement l'instinct de mystère.
Il n'y a point de religion sans mystères.
Je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné quun terroriste.
La sculpture donne de l'âme au marbre.
Les reines ont été vues pleurant comme de simples femmes.
L'amour décroît quand il cesse de croître.
Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune.
Mon berceau a de ma tombe, ma tombe a de mon berceau.
Il est moins facile de régler le coeur que de le troubler.
Tout nous ramène à quelque idée de la mort, parce que cette idée est au fond de la vie.
Les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes.
Le monde ne saurait changer de face sans qu'il y ait douleur.
La grâce est toujours unie à la magnificence dans les scènes de la nature.
Il est dans les extrêmes plaisirs, un aiguillon qui nous éveille, comme pour nous avertir de profiter de ce moment rapide; dans les grandes douleurs, au contraire, je ne sais quoi de pesant nous endort.
Dieu n'écarte pas la nuée du fond de laquelle il agit; quand il permet de grands maux, c'est qu'il a de grands desseins.
En général, on parvient aux affaires par ce quon a de médiocre, et lon y reste par ce que lon a de supérieur.
Le grand tort des hommes, dans leur songe de bonheur, est doublier cette infirmité de la mort attachée à leur nature.
Les excès de la liberté mènent au despotisme; mais les excès de la tyrannie ne mènent qu'à la tyrannie.
Les biens de la terre ne font que creuser lâme et en augmentent le vide.
Le sommeil dévore l'existence, c'est ce qu'il y a de bon.
Il faut des torrents de sang pour effacer nos fautes aux yeux des hommes, une seule larme suffit à Dieu.
Nous ne sentons le prix de nos amis quau moment où nous sommes menacés de les perdre. Nous sommes même assez insensés quand tout va bien pour croire que nous pouvons impunément nous éloigner d'eux.
Qui dira le sentiment qu'on éprouve en entrant dans ces forêts aussi vieilles que le monde, et qui seules donnent une idée de la création, telle qu'elle sortit des mains de Dieu?
Mes livres ne sont pas des livres, mais des feuilles détachées et tombées presque au hasard sur la route de ma vie.
La mémoire est souvent la qualité de la sottise: elle appartient généralement aux esprits lourds, qu'elle rend plus pesants par le bagage dont elle les surcharge.
L'âme supérieure n'est pas celle qui pardonne, c'est celle qui n'a pas besoin de pardon.
L'homme n'a pas besoin de voyager pour s'agrandir; il porte avec lui l'immensité.
J'ai pleuré et j'ai cru.
On compte ses aïeux quand on ne compte plus.
Les forêts précèdent les peuples, les déserts les suivent.
C'est par la mort que la morale est entrée dans la vie.
Ce que nous gagnons en connaissances, nous le perdons en sentiments.
Nous ne sommes pas capables d'être longtemps malheureux.
Le goût est le bon sens du génie.
Les institutions passent par trois périodes : celle des services, celle des privilèges, celle des abus.
Le péril sévanouit quand on ose le regarder.
Tout arrive par les idées, elles produisent les faits, qui ne leur servent que d'enveloppe.
Tant que le coeur conserve des souvenirs, l'esprit garde des illusions.
Plus le visage est sérieux, plus le sourire est beau.
Il ne faut pas être plus royaliste que le roi.
Hors en religion, je n'ai aucune croyance.
On peut se prosterner dans la poussière quand on a commis une faute, mais il n'est pas nécessaire d'y rester.
Il n'est nul besoin d'aimer le monde qui vient pour le voir venir.
La menace du plus fort me fait toujours passer du côté du plus faible.
Le ciel fait rarement naître ensemble lhomme qui veut et lhomme qui peut.
L'écrivain original n'est pas celui qui n'imite personne, mais celui que personne ne peut imiter.
Presque toujours, en politique, le résultat est contraire à la prévision.
Si l'homme est ingrat, l'humanité est reconnaissante.
Ne disputons à personne ses souffrances ; il en est des douleurs comme des patries, chacun a la sienne.
La vie, sans les maux qui la rendent grave, est un hochet d'enfant.
L'aiguille ne revient point à l'heure qu'on voudrait ramener.
Chaque homme renferme en soi un monde à part, étranger aux lois et aux destinées générales des siècles.
On place souvent dans les tableaux quelque personnage difforme pour faire ressortir la beauté des autres.
Les vivants ne peuvent rien apprendre aux morts; les morts, au contraire, instruisent les vivants.
L'homme n'a pas une seule et même vie; il en a plusieurs mises bout à bout, et c'est sa misère.
C'est le devoir qui crée le droit et non le droit qui crée le devoir.
Le vrai bonheur coûte peu; sil est cher, il nest pas dune bonne espèce.
Heureux ceux qui meurent au berceau, ils nont connu que les baisers et les sourires dune mère.
Quil est faible celui que les passions dominent! Quil est fort celui qui se repose en Dieu!
Quand le petit oiseau devient grand, il faut quil cherche sa nourriture, et il trouve dans le désert bien des graines amères.
Quoi qu'on dise, les guerres civiles sont moins injustes, moins révoltantes et plus naturelles que les guerres étrangères quand celles-ci ne sont pas entreprises pour sauver l'indépendance nationale.
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Albert Einstein
La fidélité est un vice de pauvre.
Charles Baudelaire